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naient sans relâche le faubourg de la Guillotière, situé du côté opposé.

On comprend qu’on ne consente pas à admettre pour notre époque la possibilité d’aucune mesure aussi rigoureuse, aussi brutale, aussi barbare ; mais qui peut se rendre garant de l’avenir ?

Quoi qu’il en soit, en m’appuyant sur les plus imposantes autorités nationales, celles de Vauban, de Cormontaigne, de Carnot ; en rappelant des discours, des événements historiques frappants, j’ai établi qu’on a pu concevoir de vives craintes sur le rôle que la ceinture de citadelles parisiennes serait appelée à jouer tôt ou tard, sans mériter pour cela le superbe dédain des partisans de ce genre d’ouvrages. Il est clair aussi qu’on a pu signer les protestations de 1833 et de 1843 contre les forts détachés, contre les bastilles, sans encourir les épithètes de béotiens, d’insensés et autres aménités analogues, dont une certaine presse se montra si prodigue.

Poser des limites aux haines politiques, aux aberrations de l’esprit de parti, aux fureurs des factions, c’est manquer à la fois de jugement et de prévoyance.

Je me décide à faire un pas de plus : je vois prouver que sur la question des fortifications de Paris, la marche incertaine, obscure, indéfinissable de divers ministères, a légitimé toutes les craintes, toutes les appréhensions du public ; que même avant la déclaration à jamais célèbre de M. Guizot, il était très-naturel de croire qu’on se préoccupait plus de l’intérieur que de l’extérieur.

Cette hiérarchie de préoccupations n’existait pas encore lorsque, en 1830, immédiatement après la révolution de