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Par occasion je mettrai sous lu sauvegarde de la même autorité, une expression, celle de bastille, dont beaucoup de personnes se sont servies en parlant des forts détachés projetés en 1833. La motion de Carnot (voir le Moniteur du 5 janvier 1792) se terminait par cette phrase : « Je demande la destruction de toutes les bastilles du royaume. »

Mes citations ont été jusqu’ici empruntées à d’anciens ingénieurs. S’il en fallait de plus modernes, je les prendrais dans le célèbre rapport adressé au roi par M. de Clermont-Tonnerre ; j’y trouverais ce principe : « Que le gouvernement doit être constamment en mesure de tenir Paris dans l’obéissance et le devoir. » Au nombre des moyens de tracer au peuple la ligne stricte du devoir, comme on l’entendait alors, le ministre de Charles X, tout aussi humain (je n’hésite pas à l’assurer), tout aussi doux, tout aussi charitable, tout aussi bon père de famille qu’aucun des promoteurs des citadelles qui ont été construites, n’en indiquait pas moins un fort détaché sur la hauteur de Chaillot, « fort, disait-il, prenant à revers la rue de Rivoli, les Champs-Elysées et les Tuileries. » Montmartre figurait aussi, dans le projet de M. de Clermont-Tonnerre, comme la place d’une forteresse qui commanderait et contiendrait la ville par la crainte. »

Rassurez-vous, disaient les orateurs ministériels ; ces citadelles dont on vous parle tant n’étaient que des épouvantails ; nous repoussons nous-mêmes avec horreur la pensée que, pour châtier les populations mécontentes, aucun gouvernement consentît jamais à bombar-