Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XII

l’ennemi peut passer entre les forts détachés

J’ai supposé qu’on passerait entre les forts sans de très-grandes pertes. Ma supposition peut être justifiée par des faits et par le raisonnement.

Le rayon de servitude militaire qu’on a adopté, et qu’à vrai dire il ne serait guère possible d’étendre sans tomber dans des dépenses inouïes, laisse entre deux forts contigus une grande quantité de couverts, à la faveur desquels l’ennemi circulerait presque librement entre ses cantonnements et le mur d’octroi de la ville.

Quant aux faits, on ne peut oublier que l’armée de réserve de Marengo, avec son matériel, avec son artillerie, avec ses convois, traversa les Alpes sous le canon du fort de Bard, sans faire des pertes notables.

Pendant la bataille de Gévora, la division Girard du corps d’armée du duc de Trévise, marcha en colonnes sous le feu du fort Saint-Cristoval de Badajoz ; qu’elle se forma ensuite en bataille ayant à dos, à 1,000 mètres, te canon du fort, et à 1,500 mètres, le canon de la ville.

Plusieurs batteries, au siège d’Anvers, furent armées en faisant passer les canons sur les glacis de la citadelle.

Je lis dans un discours de M. le général Bugeaud, ce passage textuel : « Je suis convaincu qu’à moins de multiplier les blockhaus au point qu’ils se touchent des centaines d’Arabes trouveront toujours à passer entre eux pour aller couper des têtes. »