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commerce, iraient sans de vives répugnances s’enfermer entre les quatre murailles des forts ; qu’ils se prêteraient ; à une séquestration complète, tout juste au moment où la difficulté des circonstances exigerait plus impérieusement leur présence au foyer domestique, au comptoir, au magasin, ou à l’atelier.

Les forts, dira-t-on, doivent être occupés par ta troupe de ligne ! On reconnaît donc que dans le système des forts la population ne pourrait pas se défendre seule. C’est déjà un immense, un terrible aveu ; continuons :

Les forts auront-ils une garnison dès le début de la guerre ? Rien de plus convenable assurément ; mais voilà une partie de l’armée active immobilisée. Les garnisons seront-elles fournies par les troupes en retraite ? Chacun y voit mille inconvénients. J’ajoute, en tous cas, que la ligne de retraite se trouve alors tracée d’avance ; que l’ennemi est inévitablement conduit lui-même vers la métropole ; que Paris et sa banlieue sont un champ de bataille obligé. Cela posé, que deviennent le libre arbitre laissé à nos généraux, ces mouvements de flanc, ces mouvements sur les communications ou sur les frontières, qu’on nous a promis et dont la spontanéité devait faire le principal mérite ? En toute matière les faux systèmes se manifestent par l’absurdité de leurs conséquences.

Vauban disait que le commandant d’une ville doit avoir tout autant de confiance dans la bonté des fortifications laissées à sa garde, que dans la fidélité de sa femme.

Cette remarque, nous pouvons la généraliser. Il faut que dans la mesure de leurs lumières, les simples soldats