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qui deviendra tôt ou tard le complément indispensable de la fortification parisienne.

Jadis, trop dominé peut-être par des vues économiques, j’avais pensé qu’on pourrait se borner définitivement à des fronts bastionnés en terre, soigneusement gazonnés. Mais je m’empresse de le reconnaître, les faits militaires sur lesquels j’avais cru pouvoir m’appuyer, n’étaient pas suffisamment démonstratifs. Je reprendrai celui des lignes de Torres Vedras, par exemple.

Ces lignes célèbres sont dans des conditions toutes particulières. Appuyées à l’Océan et au Tage, elles ferment complétement la presqu’île au fond de laquelle Lisbonne est situé. Il est impossible de manœuvrer sur leurs Bancs et de les tourner. On y voyait des montagnes, escarpées verticalement de main d’homme, des inondations tendues par des barrages artificiels, Enfin, quand Masséna arriva, en 1810, devant les lignes de Torres Vedras, elles étaient défendues par une armée à peu près aussi forte que la sienne et composée d’excellentes troupes de ligne. Est-ce bien dans de pareilles conditions de défense que se trouveraient les fortifications non revêtues de Paris ? Qu’on me prouve que nous aurons en toute circonstance, cent mille hommes de troupes de ligne dans la capitale, et dès ce moment je ne demanderai plus de fortifications permanentes, ni même de fortifications passagères. Ce n’est certes pas à moi qu’on pourra jamais reprocher d’admettre que les soldats français ont en rase campagne aucune infériorité sur ceux des nations les plus belliqueuses du monde.