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lions ? L’objection n’est vraiment pas sérieuse : travailler aux fortifications de Paris eût semblé à tout le monde un acte de folie, lorsque dans la liste des départements de l’empire français, figuraient les départements des Bouches-de-l’Elbe, des Bouches-du-Weser, du Zuyderzée, des Apennins, de Rome et de Trasimène ; lorsque l’avant-garde de notre armée était sur la Vistule.

En 1815, Napoléon ordonna de construire des fortifications autour de Paris. Des ouvrages défensifs lui semblaient donc nécessaires. Voilà un premier point en dehors de toute discussion.

Ce que Napoléon voulait autour de Paris en 1815, ce dont le général Haxo commença l’exécution, c’était une enceinte continue.

Cette enceinte, dit-on, était en terre ! En vérité, à la veille d’une invasion, pouvait-il être question d’escarpes revêtues en maçonneries, de travaux dont l’achèvement eût exigé plusieurs années ?

L’assimilation de quelques redoutes en terre, ouvertes à la gorge, de la redoute de Belleville, par exemple, aux forts détachés actuels, ne résisterait pas au moindre examen.

Critiquez, critiquez si votre conscience vous le commande, les vues de Napoléon ; tout, dans ce monde, peut devenir le sujet d’un débat plus ou moins spécieux ; mais ne dites pas que l’immortel général répudiait les fortifications des capitales, car j’aurais alors le droit de vous jeter à la face ces paroles si catégoriques :

« …Soixante mille soldats sont une armée ne vaut-il pas mieux l’employer en ligne ? Cette objection est faite,