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Nous avons dit que Vauban, qui est incontestablement la plus grande autorité qu’il soit possible d’invoquer sur un pareil sujet, rédigea, vers l’année 1690, un Mémoire détaillé sur la nécessité de fortifier Paris. Eh bien, Vauban voulait que la fortification de la capitale fût une enceinte continue bastionnée. Remarquons bien que l’illustre maréchal n’examinait, cependant, la question qu’au point de vue militaire.

Il est des personnes qui, tout en reconnaissant que Vauban resta l’homme modèle jusqu’à la fin de ses jours, prétendent que s’il put avoir la pensée de fortifier Paris en 1690, la grandeur actuelle de la ville l’effraierait.

Ceux qui se livrent à ces vagues conjectures, ignorent sans doute que le projet d’enceinte extérieure de l’illustre maréchal, différait peu de l’enceinte qu’on a exécutée. Le Paris du temps de Vauban, certainement plus ramassé que le Paris d’aujourd’hui, avait déjà poussé de longs bras, presque jusqu’aux limites actuelles. Voyez, par exemple, l’Observatoire et les Gobelins : ces deux édifices touchent aux barrières d’Enfer et de Fontainebleau ; cependant leur construction date du siècle de Louis XIV.

Dans les ouvrages qu’il laissa publier sous son nom, ou à la rédaction desquels il concourut plus ou moins directement, Napoléon insistait sur le danger de laisser Paris sans défense immédiate. Par défense immédiate, l’Empereur entendait une enceinte continue de quatre-vingts à cent bastions, et rien de plus.

Napoléon avait reconnu que la fortification de Paris imposerait à l’ennemi des plans de campagne totalement