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M. Scoresby regarde comme très-probable que ces quatre naufrages n’auraient pas eu lieu si les capitaines avaient connu les moyens de tenir compte de la déviation locale de la boussole.

Est-il possible de se garantir de cette cause d’erreur ? Oui, Messieurs, on peut s’en garantir très-facilement ; et je ne propose pas d’allocation pour cela, car la dépense dans chaque bâtiment ne sera que de 10 à 12 fr. La méthode de correction dont je veux parler est due à M. Barlow. Elle consiste à compenser la déviation par une petite plaque de fer placée près de la boussole. Le magnétisme terrestre, qui est la cause des changements de déclinaison, modifie également les masses troublantes et la plaque de correction, en sorte que tout se compense à peu près exactement en tout lieu et dans toutes les orientations du navire.

Je prends la liberté de recommander cette ingénieuse méthode à M. le ministre de la marine. Je le prie de vouloir bien engager les officiers sous ses ordres à l’étudier. La navigation, par de hautes latitudes surtout, en tirera de grands avantages, sans aucune augmentation de dépense.

On ne manquera sans doute pas de s’écrier : En admettant l’existence de tant de causes d’erreur, il doit en résulter la perte d’un très-grand nombre de bâtiments ; or, est-il vrai qu’il s’en perde beaucoup ? Quoique dans la marine anglaise les méthodes que je recommande soient plus répandues que dans la marine française, il se perd trois navires chaque deux jours, plus de cinq cents bûtiments par an. Je suis très-loin d’affirmer que