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eu à son bord des moyens d’observation de la nature de ceux que je réclame, il aurait pu manquer le port de Rio-Janeiro, et aventurer le succès de son intéressante expédition.

Il existe une autre cause d’erreur que j’ai signalée tout à l’heure. Cette cause tient aux imperfections de la boussole. Je le dis à regret : sous ce dernier rapport, la marine ne s’est pas élevée à la hauteur des connaissances actuelles.

On se dirige en mer au moyen de l’aiguile aimantée. Dans chaque lieu, l’aiguille forme avec le méridien un angle déterminé mais a bord d’un navire, il y a des masses de fer considérables, il y a des ancres, des canons, des boulets, des caisses en fer remplies d’eau. Or, tout cela altère la position de l’aiguille. Je reconnais qu’avant de sortir du port, on peut déterminer numériquement la valeur de cette déviation locale ; mais malheureusement il a été constaté, par des expériences que la théorie est venue éclaircir depuis, que la quantité de cette déviation qui résulte de la présence des masses de fer répandues dans le navire n’est pas la même dans toutes ses positions, dans toutes ses orientations ; ainsi les ancres, les câbles en fer, les canons, altèrent d’une certaine quantité la position de l’aiguille quand vous marchez au nord, et ils altèrent cette position d’une quantité tout autre quand vous marchez au midi. La différence, même sans qu’on s’élève par de très-grandes latitudes, est quelquefois de 10, de 15, de 25 degrés.

Dans la crainte qu’on ne dise encore ici que je fais de la théorie, je vais citer quelques événements fâcheux qui