Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/665

Cette page n’a pas encore été corrigée
657
NAVIGATION

trouve sur sa route les moyens de renouveler son charbon. Le plus grand voyage qu’on eût réalisé jusqu’ici d’un seul trait, en partant d’Europe, était la traversée de Liverpool à New-York. Là marine française a eu l’honneur de faire plus ; un de ses navires à vapeur est allé sans s’arrêter de Rochefort à la Havane. Le charbon embarqué à Rochefort a suffi & tout le trajet.

Ce curieux, cet important voyage s’est réalisé par la combinaison des deux systèmes de navigation.

Si vous entrepreniez de faire marcher à la vapeur un bâtiment destiné à porter ordinairement une vaste voilure, vous perdriez une grande partie de votre force par la résistance que l’air exercerait sur la mâture, sur les vergues, sur les cordages, sur les haubans. Eh bien, il s’est trouvé dans notre marine un officier qui a conçu la possibilité de se débarrasser de tous ces obstacles à volonté, et en très-peu de temps, qui a obtenu de l’administration de la marine la permission d’installer son nouveau système sur un grand bateau à vapeur, qui a montré aux marins de Rochefort étonnés un mâture qui descend tout entière sur le pont, des vergues à articulation qui se reploient sans difficulté, enfin un navire qui marche à la voile quand le vent est favorable, et à la vapeur dès qu’il y a calme ou vent contraire.

Le bateau à vapeur installé par M. Béchameil, est allé de Rochefort à la Havane en naviguant tantôt comme bâtiment à voile, tantôt comme bateau à vapeur. Sa vitesse moyenne a été, dit-on, de près de quatre lieues à l’heure. Si ces faits sont exacts, ils ont de l’importance et font honneur à notre marine. Je demande à M. le