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pharmaciens du bord, des timoniers, de simples matelots, s’associèrent à ce travail. Le candide jeune homme revint en France, tout glorieux de la riche moisson qu’il avait faite. À la marine on n’on fit aucun cas on ne t’invita même pas à la déposer aux archives. Loin de là, on porta la franchise jusqu’à lui dire : « Vous êtes perdu si vous continuez vos observations, voulez-vous avancer, faites oublier votre voyage du Loiret. »

Blosseville me confia les registres de son voyage de l’Inde, lorsqu’il partit pour la déplorable expédition du Nord, mais à la condition expresse (de laquelle sou avancement semblait dépendre) que je ne les ferais counaître que dans le cas où il lui arriverait matheur. Si je peux les publier, le monde savant appréciera tout ce qu’il y avait d’avenir dans cet excellent officier.

Blosseville suivit le conseil qu’on lui avait donné ; il alla à Toulon,. et cette fois il ne fit pas la plus légère observation scientifique. Cela commença à le réhabiliter. (Mouvement.)

Plus tard, Blosseville partit pour la Grèce ; là, le désir de se rendre utile l’emporta sur la prudence. Il descendit dans quelques îles sur plusieurs points de l’Asie Mineure, et y détermina, en cachette, les divers éléments du magnétisme terrestre. Les documents obtenus ne furent point communiqués à la marine ; j’en suis le dépositaire.

Je regrette d’être amené à divulguer de si tristes choses ; mais il faut bien les faire connaître pour que l’opinion publique puisse les frapper de sa réprobation. N’est-il pas étrange, en vérité, que certaines personnes soient arrivées à croire qu’on n’est plus en état de jouer