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sains, délicats, pour vos tables, et, ce qui est plus important, pour vos malades, à qui en êtes-vous redevables ? Et les bateaux a vapeur, cette merveilleuse invention, destinée à changer toutes les relations maritimes, et qui nous rendra si puissants si nous savons en tirer parti, à qui le devez-vous ? Il faut bien vous résigner à l’entendre, vous les devez exclusivement aux hommes de science.

J’ai dit, Messieurs, que l’administration de la marine montrait une antipathie incroyable contre les services scientifiques de l’art naval. L’accusation est grave, je pense devoir la justifier par quelques faits.

J’ai entendu de mes oreilles M. le ministre de la marine (ce n’est ni l’amiral Rosamel ni son honorable prédécesseur) dire, dans une occasion solennelle : « La marine est empestée de science ! » et cela, quoiqu’il fût lui-même une preuve éclatante du contraire. (On rit.)

La Chambre s’est occupée avec une sollicitude dont la France et l’Europe entière lui ont rendu grâce, du sort du malheureux Blosseville. Ce n’est pas dans les mers polaires que cet excellent officier avait débuté. Fort jeune, il avait fait un voyage autour du monde ; plus tard, il s’était embarqué pour l’Inde sur la corvette le Loiret. Dans le cours de ce dernier voyage, après avoir satisfait chaque jour avec une exactitude scrupuleuse a tous les devoirs de sa position, au lieu de rester inactif, au lieu de fumer sa pipe, au lieu de jouer aux échecs ou aux dames, il se livrait avec ardeur à des recherches nautiques ou météorologiques, à des recherches de physique générale et même d’histoire naturelle. Les médecins ou