Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/630

Cette page n’a pas encore été corrigée
622
NAVIGATION

tache aux plus grands intérêts. Nous nous vantons souvent do l’état prospère de notre industrie. Cette prospérité ne s’étend pourtant pas jusqu’à nos manufactures de grandes machines ; ces manufactures sont très-arriérées. Ce n’est pas que nos ingénieurs manquent de mérite ; au contraire, nous en avons d’extrêmement distingués : j’en connais personnellement sept ou huit tout aussi habiles certainement que ceux dont l’Angleterre se glorifie. Ils ne sauraient cependant exécuter de grandes machines au même prix que nos voisins. La raison en est bien simple quand on commande une machine unique à un mécanicien, il est obligé de trouver dans les bénéfices de la construction les dépenses que la confection de tous les outils occasionne.

J’ai eu sous les yeux un marché que le célèbre Maudlay contractait avec le gouvernement anglais ; il pourrait se traduire ainsi « Les objets que vous me commandez coûteront cent francs si vous m’en demandez dix, cinquante francs si vous m’en demandez cent, et dix francs si vous m’en demandez mille. » Tout le monde comprend maintenant le problème. Nos constructeurs exécuteront des machines de la plus grande dimension aussi bien que les constructeurs anglais, dès qu’ils seront outillés. Il faut donc que le gouvernement teur donne la facilité de se procurer les moyens mécaniques dont la plupart manquent encore ; je veux dire qu’il doit payer la plus-value des premières machines de nos artistes, plus-value que les simples particuliers n’entendent pas supporter. Quel est le moyen ? le voici

On a dit, en rendant compte des besoins de la marine,