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il faut bien que, pour effacer l’impression qu’ont pu produire les paroles de M. d’Angeville, je dise à quoi tient la tenue ; je serai court.

Peu de personnes se font une idée exacte des marées. La marée est une onde qui vient du large et qui se propage avec une certaine rapidité ; mais cette onde est complexe. La théorie et l’expérience ont montré que l’onde générale qui produit la marée observée, est ta résultante de plusieurs ondes distinctes qui tantôt s’ajoutent et tantôt produisent l’action inverse. La principale de ces ondes produit son évolution entière en un demi-jour lunaire ; une autre onde se développe dans un quart de jour, une troisième, beaucoup plus petite, dans un sixième de jour, etc.

Dans toute masse liquide, les ondes s’ajoutent ou se soustraient, comme les chiffres dans l’addition et la soustraction. Si les parties saillantes de deux ondes se correspondent, l’onde totale est très-élevée quand la partie basse d’une onde correspond à. la partie haute d’une autre, il en résulte une dénivellation qui est égale à la différence de leurs hauteurs. Eh bien, il arrive au Havre que l’onde qui se développe dans un quart de jour est basse quand l’onde du demi-jour est à son maximum de hauteur. L’onde qu’on y observe est donc moins élevée que dans les localités où les parties saillantes des deux ondes se superposent la partie creuse de l’onde d’un quart de jour affaisse d’autant l’onde d’un demi-jour.

L’onde d’un quart de jour se développant avec rapidité, quoiqu’elle soit moins considérable que l’onde d’un demi-jour, elle contre-balance pendant quelque temps,