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NAVIGATION

Voilà donc une branche de notre navigation entièrement perdue !

Les Anglais peuvent se résigner à perdre leur cabotage, cette pépinière de notre marine ne sont-ils pas en possession d’une navigation commerciale immense ? Chez nous, la perte du cabotage serait fatale, notre marine s’en ressentirait profondément.

Voyez combien il y a d’individus inscrits sur les contrôles de la marine dans la très-petite circonscription de Rouen. Il y en a 2,000. Le jour où Rouen ne sera plus fréquenté par les caboteurs, et cela arrivera bientôt si la navigation de la basse Seine conserve toutes ses difficultés, vous pouvez être certains que ces 2,000 individus inscrits se jetteront dans les filatures ou toutes autres industries ; vous aurez perdu ainsi une partie notable et intéressante de votre population maritime.

M. de Vatry. C’est déjà arrivé.

M. Arago. On vient de faire le calcul de ce que coûtera le transport d’un tonneau de marchandises par les chemins de fer de Marseille à Paris. Ce transport, dans l’état actuel des choses, est inférieur au transport par les bâtiments caboteurs qui, partant de Marseille, venaient jusqu’à Rouen.

Améliorez la navigation de la Seine, faites en sorte qu’un navire n’emploie pas cinq, six jours, et même quelquefois davantage, pour se rendre du Havre à Rouen, et cette inégalité, qui est maintenant en faveur des chemins de fer, sera en faveur de la navigation côtière, en faveur du cabotage.

Je crois qu’il eût été bon, surtout lorsqu’on votait des