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soient à généraliser ce qui a si bien réussi sur l’Isle, d’immenses volumes d’eau que les nuages versent en toute saison sur les croupes dénudées des montagnes n’iraient pas, comme aujourd’hui, se réunir aux flots de la mer sans avoir dans leur course rien produit d’utile ; le commerçant verrait ses marchandises circuler régulièrement jusqu’au centre du royaume ; des chômages périodiques n’entraveraient plus ses opérations ; le manufacturier trouverait dans des milliers de cascades artificielles une force motrice puissante et économique ; l’agriculteur, celui du midi surtout, serait à jamais soustrait aux influences ruineuses des sécheresses ; ses récoltes deviendraient plus abondantes, et, ce qui doit figurer peut-être en première ligne, elles varieraient beaucoup moins d’une année à l’autre, quelles que fussent d’ailleurs les perturbations udométriques que le cours des mêmes saisons présente dans nos climats.

Avec une si brillante perspective devant les yeux, l’administration publique serait inexcusable, si elle ne se livrait point à des essais, même aventureux. Or, tel n’est pas, tant s’en faut, le caractère de l’expérience que la commission appelle de tous ses vœux. On peut conjecturer, en effet, avec une grande probabilité, qu’à l’aide de quelques modifications, les barrages éprouvés avantageusement en divers points du cours de l’Isle, réussiraient également sur nos plus grandes rivières.