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préfet de la Seine, à l’honorable M. de Rambuteau, dont l’ardeur éclairée pour tout ce qui peut contribuer à l’assainissement, à l’embellissement de la capitale et au bien-être de la population, ne sera jamais dépassée. Je lui demandai de soumettre mes idées à l’examen d’une commission. J’émis même le vœu que diverses personnes très-habiles, mais qui, faute d’expériences directes, avaient publiquement manifesté des opinions peu favorables aux turbines, fussent comprises au nombre des juges que je sollicitais. M. de Rambuteau souscrivit à tous mes désirs avec une inépuisable complaisance. Dès la première réunion de la commission, les objections que j’avais prévues, ou plutôt que j’avais provoquées, se manifestèrent. Personne, en présence de faits authentiques, ne pouvait méconnaître que, sous l’action de trèsfortes chutes, les turbines donnent des résultats en quelque sorte inespérés ; mais sur la Seine, les chutes seraient toujours faibles, les turbines ne sauraient manquer d’avoir de grandes dimensions ; de plus, elles devraient être constamment immergées. De là des doutes, des craintes très-naturelles que des expériences directes pouvaient seules dissiper.

Malheureusement, il n’existait encore à quelque distance de Paris qu’une seule turbine, et elle avait été construite pour une chute de deux mètres au moins. Cette machine était d’ailleurs le moteur du très-grand établissement de tissage mécanique d’Inval, près de Gisors. Si elle cessait de marcher, quatre cents métiers et trois à quatre cents ouvriers restaient inactifs. 11 y avait là des difficultés qui nous paraissaient, qui devaient nous paraître insurmon-