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CHAUX ET MORTIERS HYDRAULIQUES

tres de Vitruve : des Scamozzy, des Philibert Delorme, des Perrault, etc.

Un seul mot désabusera tous ceux qui se persuadent que les erreurs théoriques de ces grands architectes étaient sans conséquence. Voyez Philibert Delorme : pour arriver au maximum de solidité dans les édifices, il croit nécessaire que la chaux ait été extraite du banc même de pierre calcaire dont le constructeur tirera les matériaux de sa maçonnerie. Cette prescription, si elle était strictement suivie, amènerait une augmentation de dépense incalculable.

Des constructeurs qui se réglaient, dans le choix de leurs chaux, sur la couleur de la roche d’où on les extrayait ; qui ne connaissaient aucune chaux hydraulique naturelle ; qui prodiguaient dans leur mortier l’emploi du tuileau, des briques concassées, ne sauraient sans une profonde injustice être placés en parallèle avec les constructeurs modernes. Si nous mettons à part de très-belles observations sur les propriétés des pouzzolanes naturelles, sur la possibilité de faire usage de cette matière pour créer d’énormes blocs factices destinés à être jetés à la mer, nous trouverons que les Romains ne nous ont appris rien d’essentiel concernant l’art de bâtir.

Au reste, tout ce qu’on tenterait pour exalter le mérite des anciens dans l’art des constructions, tournerait à la plus grande gloire de M. Vicat. Le meilleur mortier extrait des monuments romains avait, après deux mille ans d’ancienneté, une dureté précisément égale à celle que M. Vicat obtient avec ses bonnes chaux dans le court intervalle d’un an à dix-huit mois. En faisant porter la