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CHAUX ET MORTIERS HYDRAULIQUES

en faisant calciner, dans des proportions convenablement choisies, de la craie ou de la chaux pure mêlée à de l’argile.

Par cette expérience, la lumière succédait à l’obscurité, la certitude au doute ; l’art de bâtir venait de s’enrichir d’une admirable découverte.

Nous ne supposons pas que cette qualification d’admirable découverte puisse être contestée. Nous ne saurions croire que le désir, malheureusement si commun, de dépouiller un contemporain au profit de la réputation d’un mort, décide personne, dans cette circonstance, à exagérer le mérite des essais, des hypothèses, des conjectures qui précédèrent les travaux de l’ingénieur du pont de Souillac. Sans cela nous prouverions, par des rapprochements sans réplique, que M. Vicat n’a pas été moins réellement inventeur sur la question des chaux hydrauliques, que ne le fut Newton quand il publia la théorie de la composition de la lumière blanche, que ne le fut Franklin lorsqu’il proposa les paratonnerres au monde civilisé. Le célèbre Smeaton essayant infructueusement de rendre de la chaux grasse hydraulique par une addition d’argile sans préparation ; Smeaton méconnaissant, après ses essais multipliés, la nécessité de la cuisson de l’argile, montra d’ailleurs, beaucoup mieux que tous les raisonnements ne sauraient le faire, l’immense distance qui sépare de simples aperçus d’une découverte réalisée et complète.

M. Vicat a étendu ses heureuses investigations à tout ce qui concerne le rôle que la chaux peut jouer dons les maçonneries ; ainsi, l’art du chaufournier, l’art de chas-