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CHAUX ET MORTIERS HYDRAULIQUES

Il était évident, toutefois, que l’hypothèse des deux chimistes ne révélait pas, du moins d’une manière générale, le secret de l’hydraulicité on connaissait, en effet, des chaux hydrauliques naturelles dans lesquelles n’existait pas une trace d’oxyde de manganèse. Il a même été constaté que cet oxyde ne possède point la propriété qu’on lui attribuait. Une écluse construite en Suède, d’après les idées de Bergman, avec un mortier composé de chaux grasse et de manganèse, manquait tellement de solidité, qu’il fallut la détruire très-peu de temps après son achèvement.

Les plus anciennes études que nous connaissions sur les compositions des chaux hydrauliques, datent de l’année 1756, c’est-à-dire de l’époque où Smeaton se préparait à la construction si difficile, si hardie, du phare d’Edystone. Ce célèbre ingénieur examina alors avec le soin le plus scrupuleux la chaux hydraulique naturelle d’Aberthaw (comté de Glarmorgan). Cette chaux jouissait en Angleterre d’une certaine célébrité. Traitée par les acides, elle laissa un résidu « qui paraissait être une glaise bleuâtre, pesant environ 1/8 du poids total de la pierre. » La couleur rougeâtre que ce résidu acquit par la cuisson, fit croire à Smeaton que la roche calcaire d’Aberthaw (on l’appelait déjà du lias) contenait aussi du fer.

Saussure publia, en 1786, dans le second volume de son célèbre voyage, quelques réflexions tendant a attribuer l’hydraulicité des chaux de Saint-Gingolph, en Savoie, à l’influence combinée du manganèse, du quartz et même de l’argile contenus dans le tissu des roches cal-