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TÉLÉGRAPHES ÉLECTRIQUES

Je dirai donc, en peu de mots, quelles sont les considérations puissantes, à mon avis, qui ont amené M. le ministre de l’intérieur à demander un crédit extraordinaire, et à en user pour faire des essais de télégraphie électrique.

L’idée d’une télégraphie électrique n’est pas nouvelle. Dès qu’on eut reconnu que l’électricité parcourait les corps avec une extrême rapidité, Franklin imagina qu’on pourrait l’appliquer à la transmission des dépêches. Ce n’est pas cependant ce grand physicien qui a formulé l’idée en système applicable. On trouve pour la première fois une disposition réalisable de télégraphie électrique, duns une note très-courte, publiée en 1774 par un savant d’origine française, établi à Genève, par Lesage.

Ce télégraphe se composait de vingt-quatre fils, séparés les uns des autres, et noyés dans une matière isolante. Chaque fil correspondait à un électromètre particulier. En faisant passer, suivant le besoin, la décharge d’une machine électrique ordinaire à travers tel ou tel de ces fils, on produisait, à l’autre extrémité, le mouvement représentatif de telle ou telle lettre de l’alphabet. Ce système, si je ne me trompe, fut établi sur une échelle restreinte, dans les environs de Madrid, par M. de Béthencourt.

La machine électrique ordinaire, source intermittente d’électricité, peut être actuellement remplacée par une pile voltaïque d’où émane un courant continu susceptible d’être transmis par des fils métalliques. Ampère chez nous, Sœmmoring en Allemagne, songèrent aux applications dont ce courant continu serait susceptible pour