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MACHINES À VAPEUR

produire le vide par le refroidissement de la vapeur. Pour éviter toute contestation, la patente fut prise au nom et au profit des trois compétiteurs, qui s’attribuèrent ainsi, dans le projet emprunté à Papin, les deux premiers, l’idée de la machine à vapeur à piston ; le troisième, celle de la condensation[1].

Au commencement du xviiie siècle , l’art de construire de grands corps de pompe parfaitement cylindriques, l’art d’ajuster dans leur intérieur des pistons mobiles qui les fermassent hermétiquement, étaient très-peu avancés. Aussi, dans la machine de 1705, pour empêcher la vapeur de s’échapper par les interstices compris entre la surface du cylindre et les bords du piston, ce piston était-il constamment couvert à sa surface supérieure d’une couche d’eau qui pénétrait dans tous les vides et les remplissait. Un jour qu’une machine de cette espèce marchait sous les yeux des constructeurs, ils virent, avec une extrême surprise, le piston descendre, plusieurs fois

  1. Dans les arts, comme dans les sciences, le dernier venu est censé avoir eu connaissance des travaux de ses devanciers ; toute déclaration négative à cet égard est sans valeur. La publication des Mémoires que Papin a écrits sur la machine atmosphérique, étant de beaucoup antérieure aux patentes de Savery et de Newcomen, je n’aurais aucun motif de rechercher si la machine anglaise est ou n’est pas une copie : dans la règle, elle est une copie, puisqu’elle ressemble à la machine de Papin et qu’elle est venue après. Mais on sait de plus, dans ce cas particulier, que Newcomen avait connais- naissance des projets de notre compatriote. Il résulte, en effet, de diverses notes trouvées dans les papiers de Hooke, que l’artiste de Darmouth avait consulté ce savant célèbre avant de se livrer à ses essais, et alors, dans les confidences de l’intimité, c’était bien la machine française qu’il voulait exécuter. (Voyez Robison, a System, etc., tome II, p. 58.)