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LES CHEMINS DE FER.

serait une immense cheminée avec les tunnels multipliés, et quelle oscillation cela donnerait à tout le mécanisme de la machine. Eh bien, qui a inventé le moyen de se servir d’une vapeur perdue pour augmenter le tirage et pour remplacer l’immense cheminée dont on avait eu la pensée de se servir d’abord ? c’est un ingénieur civil, un médecin de Paris, M. Pelletan.

Vous savez que les ingénieurs ont eu à résoudre un problème important, celui de parcourir avec une certaine rapidité les courbes d’un certain rayon. C’est encore un ingénieur civil, et non un ingénieur des ponts et chaussées, qui l’a résolu. N’allez pas croire, Messieurs, que je ne fasse pas beaucoup de cas des ingénieurs des ponts et chaussées. Je les considère, au contraire, je le répète, comme l’élite de l’École polytechnique, comme des hommes hors de ligne ; s’ils ne font pas tout ce qu’on peut attendre de leurs talents, c’est à cause de l’organisation vicieuse du corps ; c’est qu’on ne cherche pas à créer des spécialités ; c’est que chaque homme n’est pas appliqué à la direction d’idées qui s’est manifestée en lui.

Je parle de spécialité. Permettez-moi de me servir d’une comparaison qui paraîtra peut-être étrange, mais qui est juste. Que diriez-vous d’une année dans laquelle on vous annoncerait que chaque officier commande tour à tour l’infanterie, la cavalerie, l’artillerie et les sapeurs ? Vous n’auriez pas une trop bonne opinion de cette armée. Eh bien, il en est ainsi pour les ponts et chaussées. Quand un ingénieur s’est occupé des questions hydrauliques relatives à la canalisation ou à l’amélioration des fleuves, on