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LES CHEMINS DE FER.

cette justice qu’il avait dit tes mentes choses dans te sein de la commission, mais par l’expression même dont il a fait choix. Nous ne prendrons pas, vous a-t-il dit, d’engagement financier, nous prendrons seulement un engagement moral. Eh bien, quand on n’a pas pris d’engagement financier, quand on n’affecte pas à une nature de travaux un fonds spécial auquel on s’impose, dès l’origine, l’obligation de ne pas toucher, il arrive rarement que les travaux s’achèvent. Chaque année surgissent des difficultés pressantes, des intérêts nationaux qui vous forcent h disposer de vos ressources autrement que vous ne l’aviez voulu. Voici dans quels termes un directeur général des ponts et chaussées, M. Becquey, parlait de ces espèces d’engagement que le gouvernement prend avec lui-même. Voici ce qu’il disait dans un rapport en 1828

« La résolution prise de conduire à leur fin des travaux de ce genre, pour une époque fixée, à l’aide des sommes puisées dans le Trésor, n’est jamais un engagement de l’État avec lui-même ; l’État est libre d’y renoncer, et il y renonce toujours si des nécessités plus pressantes réclament les ressources dont il dispose. » (Sensation prolongée.)

Voilà, Messieurs, une phrase qui est, en quelque sorte, l’horoscope du projet des chemins de fer, tel que le gouvernement le propose. Du reste, si la phrase de M. Becquey, résultat d’une expérience consommée, de réflexions profondes, ne paraissait pas démonstrative, nous n’aurions qu’à citer des chiffres pour faire voir que les choses se passent ainsi. Dans les œuvres des hommes, et surtout