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LES CHEMINS DE FER.

nous viendrons à cette tribune vous prémunir contre les folles dépenses que l’administration publique ne manquerait pas de vouloir faire, si vous lui confies l’exécution des chemins de fer ; lorsque nous vous entretiendrons du goût ruineux des ingénieurs du gouvernement pour le grandiose, M. le président du conseil nous prêtera certainement l’appui de son autorité car, il faut vous l’apprendre, Messieurs, le passage que nous avons cité est tiré textuellement d’un discours de M. comte Molé à la Chambre des Pairs.

Les vues générales, applicables à toutes les natures de travaux possibles, sur lesquelles se fonde l’opinion de M. le président du conseil en faveur des compagnies, se fortifient de considérations non moins puissantes quand il est spécialement question de chemins de fer.

Dans un chemin de fer, en effet, il ne s’agit pas uniquement de nivellements, de tracés, de travaux d’art ; des transactions commerciales y jouent un rôle important. Jusqu’ici des cours de commerce n’ont pas figuré parmi ceux de l’École polytechnique ou de l’École des ponts et chaussées. Mais fussent-ils créés et professés depuis longtemps, nous n’en devrions pas moins, sous ce rapport, nous défier de la capacité de nos ingénieurs. Les affaires, ainsi qu’on les appelle vulgairement, supposent une nature d’esprit toute particulière ; il faut, pour y réussir, un tact, une pénétration, une finesse qui ne s’acquerront jamais dans les amphithéâtres. Rien, en ce genre, ne pourra suppléer à une longue, à une constante pratique des hommes et des choses. Or, qui n’a remarqué combien, par un honorable sentiment de délicatesse, la plupart de