Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée
277
LES CHEMINS DE FER.

gouvernement ? À quel titre nos communications avec la Belgique seraient— elles plus favorisées que nos communications avec l’Angleterre ? Et s’il arrivait, comme on peut le prévoir, que le bas tarif artificiel de la ligne du Nord, exécutée par l’État, jetât sur cette ligne la grande masse des voyageurs anglais ; s’il arrivait qu’à la suite des travaux et des arrangements projetés, la route la plus économique de Londres à Paris, vînt à être celle d’Ostende, Gand et Lille si même, la diminution de tarif sur la distance de la frontière du Nord à Amiens, ne faisait que favoriser la tendance que montrent déjà tant d’Anglais à venir en France par la Belgique, et cela au grand détriment de Dunkerque, de Calais, de Boulogne, trouverait-on dans notre langue des expressions assez sévères pour caractériser l’imprévoyance de l’administration dont les mesures, mal calculées, auraient amené de pareils déplacements d’intérêts, et pour stigmatiser l’inattention de la Chambre qui les aurait sanctionnées ? Le partage récent de la France en zones plus ou moins favorisées quant à l’importation des charbons, a-t-il donc amené assez peu d’embarras et de réclamations, pour qu’on doive se hâter de soulever des débats, des froissements, des irritations toutes pareilles à propos de chemins de fer ?

La complète disposition des tarifs, la faculté de les changer chaque instant, que le gouvernement réclame avec tant de vivacité, ne lui seraient pas plus tôt accordées, que la force des choses l’obligerait à y renoncer. Personne n’a cru sérieusement que l’État pût se charger lui-même de l’exploitation si compliquée, si minutieuse, d’une longue ligne de chemins de fer. Les chemins une