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LES CHEMINS DE FER.

quoi que jadis on en ait pu dire, à peine le grand principe est-il proclamé, qu’il faut reculer devant son application absolue, devant l’immensité de la tache.

Que fait-on alors ? On sacrifie les embranchements ; ou soutient que le bas prix des transports n’a d’importance que sur les grandes lignes ; là, le gouvernement veillera scrupuleusement aux intérêts des voyageurs et du commerce sur les lignes secondaires, le commerce et les voyageurs seront livrés à la merci des compagnies !

Avant d’aller plus loin, demandons-nous à quel signe certain l’embranchement sera distingué de la ligne principale ? Dans bien des cas, nous osons l’affirmer, un botaniste ne serait pas plus embarrassé s’il devait désigner, parmi tant de vigoureux rameaux qu’un chêne séculaire étale dans tous les sens, celui qu’il faut considérer comme le prolongement de la souche !

Supposons le réseau du nord complètement exécuté, tel que le gouvernement le propose, et transportons-nous par la pensée à Amiens. Le chemin s’y bifurque ; une des branches se dirige sur Lille ; la seconde va à Boulogne ; elles parcourent l’une et l’autre des distances à peu près pareilles ; mais la première ayant eu l’heureuse chance d’être qualifiée de ligne principale, jouira, aux frais de l’État, de tarifs très-bas ; sur la seconde, au contraire, qui avec des droits égaux à la môme faveur se trouvera, par hasard, reléguée dans l’ordre des embranchements, le tarif y sera beaucoup plus élevé, puisqu’il aura fallu le calculer sur la dépense réelle d’exécution et d’entretien. Eh bien, nous le demandons, personne pourra-t-il s’expliquer une semblable différence, quand elle sera du fait du