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LES CHEMINS DE FER.

très-utile. Mais cela n’autorise nullement à supposer que les chemins de fer deviendront un moyen efficace d’improvisor sur nos frontières, avec les troupes de l’intérieur, des armées destinées à repousser une attaque imprévue, ou à faire une irruption subite dans les contrées ennemies. L’opinion que nous énonçons ici n’est pas de celles qui peuvent être établies ou renversées d’après de simples aperçus. Pour la juger sainement, il est indispensable de descendre jusqu’aux détails. Qu’on suppose, par exemple, que Strasbourg soit le point de réunion d’une armée de 50,000 hommes, à la formation de laquelle devront concourir, suivant les proportions voulues, des troupes d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie, du génie, disséminées dans les garnisons ordinaires. Supposez toutes les grandes lignes de chemin de fer exécutées pourvoyez-les des locomotives, des wagons, des plates-formes nécessaires au service habituel, et nous nous trompons fort si, avec tout cela, vous gagnez plus de trois à quatre jours sur l’époque oit l’armée, complètement organisée et suffisamment approvisionnée, pourra entrer en campagne. Les chemins de fer, dans un certain rayon à partir des frontières, ne serviront d’ailleurs qu’au début d’une guerre. Le conflit a peine commencé, l’ennemi les fera détruire sur divers points par des affidés, par des partisans. Si la chose lui parait en valoir la peine, il chargera même de l’opération quelques escadrons de cavalerie légère. Et qu’on ne nie pas la possibilité de former de pareils détachements en pays ennemi et sur les derrières d’une grande armée, car nous rappellerions qu’en 1708, une poignée de cavaliers hollan-