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LES CHEMINS DE FER.

très-grandes » mai » pas autant qu’on l’avait espéré.

Il y aurait, Messieurs, un travail très-intéressant à faire, que nous recommanderons, en passant, au zèle et à la sagacité de nos jeunes historiens moralistes. Ce serait le tableau des mille et mille circonstances capitales dans lesquelles les hommes les plus éclairés, les assemblées délibérantes, la masse du public, se sont laissé gouverner par des mots sans portée, nous dirons même par des mots entièrement vides de sens. Plusieurs de nos honorables collègues et moi nous avons été au moment de subir une influence de cette nature. Les mots si souvent répétés par M. le ministre du commerce, de transit, de lignes politiques, de lignes stratégiques, n’avaient pas inutilement frappé nos yeux et nos oreilles. Faut-il t’avouer, nous étions déjà quelque peu enclins à les regarder comme les vrais symboles de l’avenir industriel, commercial et militaire de la France. Toutefois, ramenés bientôt à un examen sévère des choses, à leur appréciation exacte, il nous a été bien facile de reconnaître que nous avions trop légèrement cédé à un premier aperçu.

Lisons l’exposé des motifs du projet de loi, et nous trouverons : « C’est surtout en vue du transit qu’ils sont destinés a créer au travers de la France, que les chemins de fer doivent attirer toute notre sollicitude. » À la page suivante, ce transit, que les chemins de fer ne peuvent manquer de créer, est caractérisé nettement ; il se composera : « De la plus grande partie des marchandises qui passeront du midi dans le nord de l’Europe et réciproquement. » Plus loin, le transit se représente avec de