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MACHINES À VAPEUR
§ 5.
1663. Le marquis de Worcester[1].

The Scantling of one hundred Inventions, par le marquis de Worcester, parut en 1663 pendant le règne de Charles II. Ce livre est plus généralement connu sous le titre de Century of Inventions. L’appareil que les auteurs anglais regardent comme la première machine à feu, est décrit dans ces termes (c’est la 68e invention) :

« J’ai inventé un moyen admirable et très-puissant d’élever l’eau à l’aide du feu, non par aspiration, car alors on serait renfermé, comme disent les philosophes, intra sphæram activitatis, l’aspiration ne s’opérant que pour certaines distances ; mais mon moyen n’a pas de limite, si le vase a une force suffisante. Je pris en effet un canon entier dont la bouche avait éclaté, et l’ayant rem-

  1. Edward Somerset, marquis de Worcester, que les Anglais regardent comme le véritable inventeur de la machine à feu, vivait sous le règne des derniers Stuarts. Jeté dans toutes les intrigues de cette époque, il éprouva bien des traverses. Worcester perdit d’abord son immense fortune ; il ne passa en Irlande que pour y être emprisonné ; il s’évada, atteignit la France, retourna à Londres par les ordres de Charles II, fut découvert et enfermé dans la Tour, d’où il ne sortit qu’à la restauration. La tradition rapporte que les idées de Worcester sur l’emploi qu’il serait possible de faire de la force dont la vapeur aqueuse est douée, furent éveillées pendant sa dernière détention, par le soulèvement subit du couvercle de la marmite dans laquelle ses aliments cuisaient. Si l’anecdote était vraie, elle ferait beaucoup d’honneur à l’esprit inventif du prisonnier, mais elle montrerait en même temps son peu d’érudition ; car il faudrait admettre qu’il ne connaissait pas l’ouvrage de Salomon de Caus ; or, on sait qu’une seconde édition de ce livre avait paru en France pendant que Worcester y résidait.