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À VAPEUR.

Voudrait-on soutenir que les prescriptions de mon amendement sont sans précédent dans l’administration française ? Eh bien, vous trouverez que le 24 juin 1882 M. le ministre de la guerre prescrivait impérieusement, par une circulaire, que tous les fournisseurs de la guerre ne se servissent que de draps et de toiles fabriqués en France. Le gouvernement avait donc senti la nécessité d’encourager l’industrie française ici c’est plus qu’une industrie, c’est d’une arme puissante qu’il s’agit.

Voici, sans contredit, la question la plus grave.

Les usines françaises pourraient-elles suffire à tous les besoins ?

Sur le nombre total des locomotives que nous avons aujourd’hui sur nos chemins de fer, les ateliers français en ont fabriqué 59, l’Angleterre en a fourni 97.

À quoi bon protéger des constructions qui se développont ainsi d’elles-mêmes ? Voici ma réponse. Les constructeurs français perdent actuellement sur toutes les locomotives qu’ils exécutent. Ils les vendent a très-bas prix, parce qu’ils n’ont pas d’autre moyen do les faire accepter. Si mon amendement est adopté, nos mécaniciens s’outilleront. Qui pourrait actuellement les engager à acheter des appareils qui coûteraient deux à trois cents mille francs, quand ils n’ont pas la certitude de faire en on nn une machine de la seule valeur de 40,000 fr. ?

Je disais qu’il était possible de trouver dans les ateliers français de quoi pourvoir à tous les besoins des chemins de fer, aux besoins présents, aux besoins futurs, même en parlant seulement des ateliers qui aujourd’hui construisent des locomotives.