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CONSTRUCTION DES MACHINES

Dante à chaque degré du thermomètre, s’adressa à l’Académie des sciences. Deux membres furent chargés de faire le travail nécessaire pour répondre aux désirs du gouvernement. Le savant M. Dulong était l’un d’eux ; j’étais le second. Les expériences étaient dangereuses ; mais comme les artistes en désiraient les résultats, comme elles devaient être utiles, nous nous dévouâmes. Eh bien, je le déclare ; quoique nous eussions pris toutes les précautions nécessaires pour éviter les courants refroidissants, quoique nous nous plaçassions constamment dans une cabane bien fermée, nous ne pûmes jamais amener l’élasticité de la vapeur de la chaudière à plus de vingt-quatre atmosphères. Ainsi il n’eût pas dépendu de nous d’amener môme volontairement l’explosion de cet appareil, si, comme la chaudière d’une machine de dix atmosphères, on l’avait essayée à trente.

Le résumé statistique d’Oliver Evans avait prouvé que les machines à pression ordinaire font plus souvent explosion que les machines a haute pression. Ce fait, constaté par l’expérience, n’a plus rien de paradoxal. Il trouve une explication toute simple dans ce que je viens de dire.

Au surplus, la grande répugnance du public pour les machines à haute pression a disparu. Les machines locomotrices qui transportent les voyageurs sur les chemins de fer sont, en efet, des machines à haute pression. Qui cependant éprouve aujourd’hui la moindre répugnance à se placer à la suite d’une do ces machines ? La marine n’aurait donc aucun motif de se préoccuper de ces anciens préjugés, alors même que la majorité des