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À VAPEUR.

et en un mot toutes les grandes machines dont il me serait facile de compléter l’énumération, ont été exemptes de droit parce qu’on trouve toujours moyen d’y faire apercevoir un perfectionnement.

Je disais que nous avons de très-habiles constructeurs. Je voudrais, d’après cette considération, qu’il fut bien stipulé, bien convenu, soit par l’assentiment du ministère, soit par un vote de la Chambre, que les machines s’exécuteront en France.

Je dis que les précautions que je réclame ne sont pas superflues. En effet, je vais citer une circonstance où l’on a fait éprouver une grande injustice à un constructeur que j’oserais dire un homme de génie, à un homme de beaucoup de talent, qui a apporté dans l’emmanchement des différentes parties dont une machine à vapeur se compose des améliorations capitales. Il a été traité par le ministère de la marine d’une manière qu’il me serait bien pénible de qualifier, mais qui le sera suffisamment par les faits eux-mêmes que je vais exposer.

Il s’est trouvé un ingénieur des ponts et chaussées, homme de talent, de patriotisme, de persévérance, qui a eu la pensée de faire à la porte d’une très-petite ville de Bretagne, à Landernau, un établissement de machines à vapeur. Il s’est établi dans un champ ; il a, en très-peu de temps, construit une manufacture, et dès le début il a voulu lutter avec les premiers constructeurs anglais. C’est M. Frimot. Il a construit d’abord une machine pour la marine dans cet atelier établi sans le secours d’aucun ouvrier anglais, avec des ouvriers qui jamais n’avaient entendu parler de machines à vapeur, ni