Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée
168
EXPLOSIONS DES MACHINES

brusque ouverture des soupapes amène quelquefois. Voici un aperçu des idées de cet habile praticien

Lorsqu’un tuyau métallique renferme un liquide trèsfortement pressé, il suffit pour le rompre de frapper ses parois d’un petit coup sec, tandis qu’une augmentation de pression, même très-grande, aurait pu ne pas produire d’effraction, si elle avait eu lieu d’une manière graduelle et sans secousses. Ce fait est bien constaté M. Gensoul croit pouvoir l’étendre aux chaudières. Suivant lui, quand les parois de ces grands vases ont été fortement tendues de dedans en dehors par la vapeur, le moindre choc doit les rompre, comme s’ils étaient remplis d’un liquide soumis à une grande pression ; or, il pense pouvoir assimiler à un choc le vif mouvement de recul que la chaudière reçoit dans la partie de sa paroi diamétralement opposée à celle qui, tout à coup, livre passage à la vapeur. Si c’est, par exemple, la soupape du couvercle qu’on ouvre brusquement, ce sera le fond de la chaudière qui recevra le contre-coup ; la secousse aura lieu sur la paroi de droite, si c’est par la gauche que la vapeur s’est échappée, etc., etc.

Cette ingénieuse explication faitnattre plusieursdoutes. D’abord, il ne paraît pas évident qu’à égalité de pression intérieure, un choc doive produire un égal dommage sur deux vases dont l’un serait rempli d’eau et l’autre de vapeur l’incompressibilité du liquide semble en effet pouvoir être ici de quelque importance. En second lieu, M. Gensoul suppose qu’avant l’explosion, la vapeur contenue dans la chaudière avait un très-grand ressort ; et, au contraire, nous avons vu qu’il arrive souvent de tels