Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

également produit si sa grande bouteille, au lieu d’eau, eût renfermé seulement de l’air.

La double notion que la vapeur convenablement enfermée élève l’eau au-dessus de son niveau et qu’elle est susceptible de produire les plus grands effets ; que, dès lors, elle peut servir à la construction de machines utiles, se trouve pour la première fois, à ma connaissance, dans l’ouvrage de Salomon de Caus. Peut-être découvrira-t-on quelque chose d’analogue dans des auteurs encore plus anciens. Eh bien, si cela arrive, le nom de Salomon de Caus, je le répète, devra disparaître de l’histoire de la machine à feu, comme j’en avais écarté celui du marquis de Worcester ; mais, à moins que ce nom nouveau n’appartienne à quelque personnage né dans les Iles Britanniques, il y aura toujours lieu à rectifier cette assertion si souvent reproduite : « La machine à vapeur a été inventée par un petit nombre d’individus tous Anglais. »

Beaucoup de savants et de mécaniciens très-éclairés attachent une médiocre importance à la première idée de l’application de la vapeur comme force motrice. Les anciens, disent-ils, qui attribuaient les tremblements de terre à des développements instantanés de vapeur ; le mécanicien qui prétendait, avec le même agent, faire osciller tous les planchers de la maison de son voisin, en savaient autant que Salomon de Caus, que Worcester, et, au fond, en avaient dit autant qu’eux. S’il existait, ajoutent-ils, une machine utile d’épuisement, dans laquelle l’action immédiate de la vapeur soulevât le liquide, on concevrait l’importance qu’on a attachée aux essais des deux ingénieurs français et anglais ; on pourrait alors. à