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LE TONNERRE.

Wafer, chirurgien de Dampier, raconte qu’en traversant l’isthme de Darien les ondées qu’il éprouvait « étaient accompagnées d’éclairs et de furieux coups de tonnerre, et qu’alors l’air était infecté d’une odeur sulfureuse capable d’ôter la respiration, surtout au milieu des bois. »

Dans un autre passage de la relation de Wafer je lis : « Après le coucher du soleil (les voyageurs étaient à la belle étoile sur un monticule), il se mit à pleuvoir d’une si terrible force, qu’on aurait dit que le ciel et la terre allaient se confondre. On entendait à chaque instant d’épouvantables coups de tonnerre. Les éclairs avaient une odeur de soufre si intense, que nous en fûmes presque étouffés. »

Dans ses Memoirs for a general history of the air, Boyle rapporte qu’à l’époque où il habitait les bords du lac de Genève, de violents, de fréquents coups de tonnerre imprégnèrent l’air d’une odeur sulfureuse très-intense et qui manqua de suffoquer une sentinelle sur le bord même du lac.

En février 1771, à l’île de France, Le Gentil, de l’Académie des sciences, vit la foudre éclater sur un point de la campagne très-peu éloigné de la galerie où il se trouvait alors, chez le comte de Rostaing. Quatre heures après la détonation, et quoiqu’il eût beaucoup plu, Le Gentil et M. de Rostaing, en passant par hasard près du point foudroyé, sentirent une odeur de soufre très-prononcée.

Chacun a pu concevoir pourquoi j’ai placé ici en première ligne les manifestations d’odeurs sulfureuses qui s’étaient opérées en plein’ air ; chacun comprendra, à