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LE TONNERRE.

qu’après le coucher de cet astre, qu’à nuit close, qu’à minuit même, le ciel étant resté également couvert, il fasse assez clair, en plein champ, pour que chacun puisse se diriger et ne pas aller se heurter contre une multitude d’obstacles. Il ne paraît guère possible d’admettre que la lumière ou, si l’on veut, que la lueur diffuse dont nous tirons tant d’avantage la nuit par un ciel entièrement couvert, provienne des étoiles. Mais l’origine stellaire une fois exclue, nous n’avons plus qu’une ressource pour expliquer les faits, c’est de supposer que tous les nuages sont lumineux par eux-mêmes. Il n’y aurait entre eux de différence que du plus au moins. Au plus haut terme de l’échelle figureraient les nuages observés par Rozier. Plus bas, et à une assez grande distance, ceux de Nicholson ; plus bas encore, les nuages neigeux de Beccaria. Enfin, le dernier terme de l’échelle se composerait des nuages denses, épais, dont le ciel est couvert dans les nuits les plus sombres d’hiver, et qui font cependant qu’à minuit, l’obscurité en plein air n’est jamais aussi forte que celle d’un souterrain ou d’un appartement sans fenêtres [1].

  1. Nous ne voulions d’abord toucher qu’à un très-petit point d’un simple phénomène météorologique, mais telles sont les connexions nécessaires des différentes sciences, que, sans y penser et sans le vouloir, nous avons pénétré, je crois, quelque peu dans un des plus grands problèmes de la philosophie naturelle. J’appelle ainsi la question de savoir par quel artifice notre soleil brille depuis tant de siècles sans rien perdre de son éclat. Les combustions ordinaires sont inconciliables avec une pareille constance. À la longue, la matière combustible et la matière comburante auraient dû, en effet, s’épuiser. Regardons la phosphorescence comme une conséquence nécessaire de l’état gazeux et nuageux ; supposons, de plus, que le soleil soit entouré d’une couche continue de nuages, et la difficulté