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intitulé : Idées sur la Météorologie, nous apprend que des nuages peuvent devenir lumineux sans qu’on ait trop le droit d’en chercher l’explication dans de petites fulgurations sans cesse renouvelées. Voici le passage du physicien genevois :

« Me retirant chez moi à Londres, vers les onze heures d’un soir d’hiver, l’air étant très-serein, sans être bien froid, n’y ayant point de clair de lune, je vis une pommelure lumineuse, formant une zone de plusieurs degrés de largeur, qui s’étendait à peu près d’orient en occident, passant à 30 ou 40 degrés du zénith du côté du sud, et atteignant presque l’horizon de part et d’autre. Je loge très-près de la campagne, ce qui me rendit facile d’observer ce phénomène dans toute son étendue, et je le fis, du moment où je commençai à l’apercevoir jusqu’à la fin. Cette espèce de nue, aussi brillante dans toute sa longueur qu’une nue mince devant la lune, cachait d’abord toutes les étoiles. Peu à peu, sa pommelure se discerna mieux, et les étoiles parurent dans les intervalles des pelotes ; je les ai aperçues ensuite dans les pelotes mêmes, qui ne ressemblaient plus qu’à de la gaze ; et, enfin, au bout d’environ dix minutes, elle se dissipa presque partout en même temps. Il y avait là quelque décomposition phosphorique ; car d’où aurait procédé cette lumière, qui partait de toute la nue ? Mais il n’y avait pas le moindre signe électrique, car tout était en repos, à l’exception d’un petit mouvement qu’avait l’ensemble de cette zone. » Lorsqu’on a réfléchi sur l’énorme affaiblissement que les nuages font éprouver, dans certains jours d’hiver, à la lumière éblouissante du soleil, on a tout lieu d’être surpris