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LE TONNERRE.

encore un peu de temps après que la lumière a réellement disparu, devaient, ne fût-ce qu’à raison de cette circonstance, ne pas trop espérer une solution exacte de la question posée en tête de ce long chapitre ; et cependant, en définitive, l’obstacle apparent est devenu lui-même le moyen d’investigation ; et nous sommes arrivés à opérer sur de simples millièmes de seconde mieux qu’on ne pourrait vraiment le faire, par les moyens habituels, sur les secondes entières. Qu’on réfléchisse un moment aux détails de l’expérience, et mon assertion ne paraîtra pas exagérée.

Je veux savoir la durée de chacun des éclairs qui sillonnent le ciel pendant une nuit obscure. En face de la région où existe l’orage, j’établis une roue en métal portant cent rais déliés. Un mouvement d’horlogerie lui donne la vitesse continue et régulière de dix tours par seconde de temps, ou d’un tour entier par dixième de seconde. Je me place en observation entre la roue et les nuées orageuses, de manière cependant à ne pas empêcher la lumière des éclairs d’arriver librement à la roue tournante.

Cette roue, je ne l’aperçois pas ordinairement, puisque, par hypothèse, tout est dans l’obscurité. Un éclair se montre ; à cet instant, la roue est éclairée ; je dois donc la voir, et je la vois, en effet, mais dans des conditions différentes, suivant la durée de l’éclair. L’éclair n’a-t-il brillé que pendant un temps infiniment court, la roue se sera montrée, durant un dixième de seconde, comme cent rais lumineux, immobiles, et de la largeur apparente des rais véritables.

L’éclair a-t-il duré un millième de seconde, la roue