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en même temps aux machines de la station de Florence. Nous essayâmes de les faire aller soit en augmentant la force du courant, soit en agissant sur les machines et sur les manipulataires : tout fut inutile. De temps en temps, l’aiguille marchait par saccades, puis elle s’arrêtait brusquement, l’ancre restant attachée aux électro-aimants. Ces phénomènes étaient exactement semblables à ceux qui se produisent toutes les fois qu’il y a un orage.

À neuf heures cinquante-cinq minutes, je sortis du bureau pour observer le ciel, qui était toujours clair, et je fus frappé d’une lumière rougeâtre qu’on voyait du côté du nord, au-dessus des nuages. Je demandai tout de suite à la sentinelle depuis combien de temps cette lumière avait apparu, et j’appris qu’on avait commencé de la voir depuis quinze minutes. Je courus vite chez moi, afin de mieux observer le phénomène sur la terrasse du cabinet, qui est élevée de 40 mètres à peu près. La lumière a toujours augmenté d’intensité et d’étendue jusqu’à dix heures trente minutes ; à cette heure, elle était d’une couleur rouge sang très-intense. On ne voyait pas la disposition en arc qui, suivant le plus grand nombre des observations, se rencontre dans l’aurore boréale. Au lieu de cela, c’étaient de grands nuages d’un rouge plus ou moins vif, tantôt séparés, tantôt réunis, qui se répandaient du nord vers l’est, et qui s’élevaient quelquefois jusqu’au zénith. J’ai vu deux fois un long jet de lumière d’une couleur jaune citrine s’élever à travers le nuage rouge jusqu’à sa sortie de ce nuage, ayant son sommet dans la direction du méridien magnétique. Ce jet de lumière, pendant les deux ou trois minutes de sa durée,