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nord, était vivement éclairé ; mais la lumière de la lune ne me permettait pas de me prononcer encore sur l’existence d’une aurore boréale.

Pendant que je continuais mes observations au magnétomètre, dont la marche irrégulière se soutenait, on vint me dire que quelque chose d’extraordinaire se montrait dans le ciel et vers le sud (onze heures douze minutes, t. m.). Au milieu d’un ciel parfaitement serein, on voyait une espèce de nuage blanchâtre, de forme elliptique, dans le méridien, et à la hauteur de 60 degrés environ. Le nuage variait à chaque instant d’éclat et de grandeur ; ses variations brusques avaient quelque chose de fatigant pour l’œil, et passaient alternativement de la faible lueur de la voie lactée à l’éclat d’un nuage blanc qui effaçait, à peu près, la lumière des étoiles les plus brillantes placées dans sa direction, mais dont les formes n’étaient pas arrêtées. Je crus voir dans ce phénomène l’espèce de nuage lumineux qui accompagne généralement les aurores boréales très-intenses ; et, effectivement, le nord était alors très-vivement éclairé, et des jets lumineux se projetaient à une hauteur assez grande dans le méridien magnétique.

Comme j’étais seul pour observer la marche du phénomène, tout en suivant les indications des instruments magnétiques qui continuaient à dévier de plus en plus, il m’a été impossible d’en saisir toutes les circonstances. Vers onze heures vingt-quatre minutes, la lueur qui s’était montrée au sud et dans le méridien avait entièrement disparu ; et, vers le nord, le ciel ne tarda pas à rentrer également dans son état ordinaire. »