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LE TONNERRE.

moment où il quitte l’un d’eux et le moment où il y revient.

Une conséquence importante découle de cette expérience. Elle deviendra évidente si, pour un instant, on veut bien concentrer son attention sur un seul point : sur le point le plus élevé, par exemple, de la circonférence de cercle que le charbon parcourt.

Quand le charbon enflammé occupe ce point le plus élevé, les rayons de lumière qui en émanent forment son image dans l’œil de l’observateur, sur une certaine partie de la rétine. Dès que le charbon tourne, cette image doit également tourner, et cela arrive en effet, puisque le charbon se voit toujours dans sa véritable position. La première image semblerait devoir s’évanouir en même temps, la cause qui l’engendrait ayant sinon disparu, du moins changé de lieu : loin de là, le charbon a le temps de faire un tour entier, de revenir à sa première place, de reproduire dans l’œil l’image du point le plus élevé de la courbe, avant que la sensation résultant de son premier passage par le même point se soit effacée.

Les impressions que nous recevons par la vue ont donc une certaine durée. L’œil humain, du moins, est constitué de manière qu’une sensation lumineuse ne s’évanouit qu’un dixième de seconde après la disparition complète de la cause qui l’a produite.

Nous venons de reconnaître qu’un point rayonnant qui n’emploie qu’un dixième de seconde à faire un tour entier, donne naissance, pour notre œil, à une circonférence de cercle qui est lumineuse, dans tout son contour. Il est évident que si deux, trois, dix, cent points rayon-