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en même temps tombait dans le cimetière de Beuzeville, comme nous l’apprîmes plus tard, ce qui me porterait à croire que l’espèce de zigzag qui semblait pousser vers nous le globe lumineux n’était autre que la foudre. L’orage alla s’abattre ensuite avec plus de violence sur Criquetot-lez-Neval, où la grêle causa de grands dégâts. »

§ 9.

Je placerai encore ici un double cas de foudre observé par M. Al. Meunier, chef de bureau au ministère de l’intérieur, et qui se trouve dans une lettre adressée à M. Jamin, que ce physicien a bien voulu me communiquer :

« C’était dans le mois de juin 1852, je longeais la rue Montholon entre onze heures et onze heures trente minutes du soir, lorsque la foudre éclata avec une violence peu ordinaire à Paris. J’y fis d’abord peu d’attention et je continuai ma route ; mais, vers le milieu de la rue, un éclair immense brilla tout à coup, et fut suivi presque instantanément d’un coup de tonnerre semblable à une décharge d’artillerie. Il me sembla voir une bombe énorme lancée avec violence, qui éclatait avec fraças au milieu de la voie publique. Dans le moment, cette espèce de globe qui s’avançait me fit l’effet de la lune se détachant du ciel. C’était à peu près la même dimension, et je dirai presque la même couleur. Ce coup ne ralentit pas ma marche, car je me rappelai ce qu’on dit, que lorsqu’on a vu l’éclair on n’a plus rien à craindre. Je me contentai d’enfoncer mon chapeau, que le vent ou la commotion produite par la décharge électrique avait rejeté en arrière, et je continuai sans accident jusqu’au