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Mon savant confrère m’a remis à ce sujet la note suivante :

« J’allais d’Arras à Doulens, à peu près dans la direction de l’est à l’ouest. Le météore était devant moi, un peu à ma droite, par conséquent ouest-nord-ouest. Le soir, vers neuf heures, le ciel était nuageux, et j’aperçus quelques points lumineux que j’ai cru être des éclairs. Vers dix heures, le ciel devenu serein, put laisser apercevoir le météore, que je reconnus bientôt pour être une aurore boréale. À 10 ou 15° au-dessus de l’horizon, je voyais une lumière blanche assez vive qui s’étendait assez loin sur le cercle de l’horizon. Au-dessus de cette lunière était comme une nappe d’un rouge purpurin brillant, qui variait d’intensité quand elle était faible. Il paraissait exister deux foyers lumineux qui, s’étendant, finissaient par se réunir en prenant une teinte purpurine d’autant plus vive qu’ils étaient plus complétement confondus. Alors, au bas de l’horizon s’élevaient trois ou quatre faisceaux lumineux d’une couleur plus dorée, et qui avaient l’air de diviser la lumière rouge ; les rayons s’effaçaient, ainsi que la nappe purpurine, qui peu à peu reprenait sa première intensité et s’effaçait après avoir été traversée par de nouveaux rayons. Ces rayons s’élevaient dans le ciel au-dessus de l’horizon jusqu’à 30 ou 36°. Le phénomène a duré jusqu’à onze heures trois quarts. Je n’ai rien vu d’aussi beau dans le ciel : c’était magnifique. La lumière blanche de l’horizon a duré plus longtemps, et éclairait si fort, que, comme il n’y avait pas de lune, les postillons et les conducteurs disaient qu’ils ne comprenaient rien à ce qu’ils croyaient être un incendie.