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opaques ; elle était plus vive et plus forte dans les endroits où le brouillard semblait le plus épais ; là elle avait une couleur rose obscur qui venait se fondre, dans les intervalles, à un blanc et à un jaune pâle.

Ces rayons vacillaient parfois, et l’on pouvait alors croire entendre un bruissement, qui n’était cependant que l’effet de la vue de ce mouvement sur l’imagination. Dans d’autres instants, ces rayons se mouvaient plus lentement et ressemblaient aux ondulations d’une mer profonde ; enfin, pour donner une idée juste de ce spectacle par une comparaison qui, quoique vraie, peut paraître peu digne d’un effet si majestueux et si grandiose, que l’on se figure un vase rempli d’eau, placé dans une cour formée par de hautes murailles ; si le soleil, dans un beau jour, éclaire la partie de la cour où est placé le vase, son image est alors réfléchie par l’eau qu’il contient, sur la muraille qui est dans l’ombre. Si vous remuez le vase, le liquide, mis en mouvement, réfléchira successivement les rayons du soleil dans toutes sortes de directions.

La clarté que ces rayons répandaient était assez vive pour qu’on pût lire avec facilité une impression très-petite. Pour m’en convaincre, je fis apporter un volume in-8o de Firmin Didot, et mes officiers et moi nous nous passâmes le livre à plusieurs fois, et nous en lûmes tous sans peine quelques lignes.

À trois heures du matin, ces rayons lumineux disparurent peu à peu, et ils furent remplacés par la clarté du jour naissant, qui commençait déjà à paraître dans toute la partie de l’est-sud-est.

Le 15 et le 16, nous vîmes ces mêmes aurores, mais