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J’avais indiqué les jours où l’aiguille fut notablement dérangée à Paris en 1825, sans qu’on eût observé d’aurore boréale à Édinburgh ; M. Hansteen a cherché dans ses journaux météorologiques si, plus au nord, à Christiania, ce météore ne se serait pas montré, et il trouve que :


    j’étais bien résolu à me désister, à ce sujet, de toute espèce de prétention, à rendre une entière justice au premier auteur de la remarque, à ne présenter désormais mes observations qu’à titre de confirmation ; mais en examinant bientôt après les preuves dont M. Hansteen appuie sa thèse, j’ai reconnu que je n’avais lésé les droits de personne et qu’il n’y a lieu de ma part à aucune réparation. L’observation faite à Londres par M. Graham est complétement insignifiante, puisque ce physicien ne dit pas s’il y avait ou s’il n’y avait pas d’aurore boréale visible ; puisqu’il n’est pas prouvé qu’il ait cherché à s’en assurer ; puisque tout annonce qu’il n’était pas instruit de la liaison de ce phénomène avec les mouvements de l’aiguille aimantée. En y réfléchissant, M. Hansteen me permettra d’ajouter, qu’alors même qu’on lirait tous ces détails dans la Note de M. Graham, on n’en pourrait tirer légitimement aucune conséquence relativement à l’action qu’exercent, suivant moi, les aurores boréales invisibles. Il est, en effet, bien établi, par une multitude d’observations, qu’une aurore qui se montre dans un lieu donné y laisse souvent l’aiguille aimantée dérangée, après qu’elle a cessé de luire : or, puisque le 5 avril 1741, l’aiguille était, dans le jour, considérablement affolée à Londres, tout doit porter à croire qu’il y avait alors sur l’horizon une aurore boréale que la lumière atmosphérique empêcha d’apercevoir, et dont les oscillations de l’aiguille, la nuit, furent la suite. Cette conjecture paraîtra d’autant plus naturelle qu’à Stockholm même Celsius n’aperçut, le 5 avril, à nuit close, que de faibles traces d’une aurore boréale qui finissait. Pour prouver sans réplique l’influence des aurores boréales invisibles, il faut donc qu’en un lieu donné, à Paris, si l’on veut, « un certain jour, le ciel étant parfaitement serein, l’aiguille aimantée ait marché régulièrement jusqu’à la nuit ; qu’alors, et seulement alors, elle se soit notablement dérangée ; que l’observateur ait cherché scrupuleusement et sans succès des traces de l’aurore boréale, et que dans une station située beaucoup plus au nord ce phénomène se soit montré. » La réunion de toutes ces circonstances a eu lieu si fréquemment pendant mes observations,