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« Huit ou dix personnes du peuple, continuant à crier : Guarda, guarda, les yeux fixés sur le météore, l’accompagnaient en marchant dans la rue d’un pas que les soldats nomment le pas accéléré. Le météore passa tranquillement devant ma fenêtre, et m’obligea à tourner la tête du côté gauche pour voir comment finirait son caprice. Après un moment, craignant de le perdre de vue derrière les maisons qui sortaient de la ligne de celle dans laquelle j’étais logé, je descendis en hâte dans la rue, et j’arrivai encore à temps pour le voir et me joindre aux curieux qui le suivaient. Il marchait toujours aussi lentement ; mais il s’était élevé, car j’ai déjà dit qu’il allait obliquement ; de manière que, après trois minutes encore de marche toujours montante, il alla heurter la croix du clocher de l’église dei Servi, et disparut. Sa disparition fut accompagnée d’un bruit sourd comme celui que peut faire un canon de 36 ouï à la distance de 25 kilomètres avec un vent favorable.

« Pour donner une idée de la grandeur de ce globe igné, de sa couleur, je ne puis que le comparer à la lune, telle qu’on la voit se lever sur les Alpes, pendant les mois d’hiver et par une nuit claire, comme je me rappelle l’avoir vue quelquefois à Inspruck, dans le Tyrol, c’est-à-dire, d’un jaune rougeâtre, avec quelques taches plus rouges encore. La différence est qu’on ne voyait pas des contours précis dans le météore, comme on les voit dans la lune ; mais qu’il semblait enveloppé dans une atmosphère de lumière dont on ne pouvait pas marquer la limite précise. »