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mode of reasoning) ; comme un exemple de la défiance que les faiseurs de théories doivent inspirer. Je suis sûr que mon critique s’est laissé aller à un sentiment de pitié, en songeant à toute la confusion dont il m’accablait. Cela ne l’empêche pas cependant de s’écrier, et c’est ici, comme on dit, le coup de grâce. Si l’aurore de dix heures était la suite d’une aurore boréale du jour, pourquoi ne l’a-t-on pas vue à Leith entre sept heures et dix heures ? Dans tous les cas, pourquoi n’a-t-elle pas dérangé l’aiguille dans la soirée du 17 août ?

Sur le premier point, me permettra-t-on de répondre très-humblement qu’à sept heures, le 17 août, le soleil n’est pas encore couché à Leith ; qu’à ce coucher succède un vif crépuscule suffisant pour masquer pendant assez longtemps les rayons d’une aurore boréale ordinaire ; qu’en tout cas rien ne m’assure que le ciel était serein au nord avant l’époque de l’observation ; qu’enfin il ne serait pas impossible que le météorologiste de Leith n’eût mis la tête à la fenêtre qu’à dix heures du soir ; car, si je ne me trompe, il dit : « J’ai vu une aurore boréale à dix heures » et non pas « une aurore a commencé à se former à dix heures. » Faut-il, en outre, qu’un Roussillonnais apprenne à un Scotman, né et élevé au milieu des Northern lights, qu’une aurore boréale n’a pas constamment le même éclat pendant toute la durée de son apparition ; qu’elle s’affaiblit quelquefois durant des heures entières, au point de devenir presque invisible, et qu’ensuite elle se ravive subitement. J’attendrai qu’on m’ait prouvé qu’aucune de ces circonstances n’a eu lieu le 17 août, avant de faire amende honorable sur mon mode of reasoning.