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dont tout ce qui porte ce nom est maintenant l’objet. Aujourd’hui, à la fin d’une carrière bien remplie, je ne trouve pas le temps de publier mes œuvres, et je suis forcé de confier ce soin à des mains amies. Au reste, si la critique désire entrer en concurrence avec moi, si elle veut aussi faire des prédictions, je lui enverrai très-volontiers les trois talismans dont je me suis servi, savoir, un fil de soie écrue, une aiguille aimantée et un microscope ; il ne me restera plus alors qu’à lui souhaiter de la santé, du zèle et une forte dose de patience.

Quand j’appris, pour la première fois, combien on était jaloux de l’affreux monopole que j’exerce sur les prédictions d’aurores boréales, j’éprouvai, je l’avoue, un petit mouvement de vanité, malheureusement il fut de bien courte durée. Le savant qui me critique le plus énergiquement déclare, en effet, que mes prédictions sont fausses, et il prétend le prouver de deux manières : 1o en citant des observations d’aurores dont l’apparition ne peut pas se concilier avec la marche de l’aiguille de Paris ; 2o en montrant des prédictions démenties par l’événement.

L’aurore inconciliable avec la marche de l’aiguille de Paris est celle du 17 août 1825. Elle fut observée à Leith, à dix heures du soir. À dix heures, mon aiguille horizontale n’offrit rien d’extraordinaire ; mais comme elle était notablement dérangée le matin, j’avais pensé que les jets lumineux observés le soir en Écosse étaient les dernières lueurs d’une aurore boréale du jour. Il faudrait citer toute une page de mon critique pour montrer combien cette hypothèse lui inspire de dédain. Elle est donnée comme un échantillon de ma manière de raisonner (M. Arago’s