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Les aurores boréales doivent être placées au premier rang des causes qui troublent quelquefois la marche régulière des variations diurnes. Ces variations, même en été, ne sont plus que de quinze ou de vingt minutes ; mais si une aurore se montre, on voit souvent l’aiguille s’éloigner en quelques instants du méridien magnétique de plusieurs degrés. Comment concilier maintenant une influence aussi marquée avec des observations d’où il semblerait résulter que la même aurore qui transporte subitement une aiguille de l’est à l’ouest laisse immobile une aiguille voisine ou lui imprime un mouvement contraire ?

Pendant l’apparition d’une aurore boréale, on voit souvent, dans la région du nord, des rayons lumineux, diversement colorés, jaillir de toutes les parties de l’horizon. Le point du ciel où ces rayons se réunissent est précisément celui vers lequel se dirige une aiguille aimantée suspendue par son centre de gravité, en sorte qu’à Paris, où l’on observe maintenant une inclinaison de 68° 40’, ce point est 21° 20’ au sud du zénith. Il a été prouvé, en outre, que les cercles concentriques, presque semblables à l’arc-en-ciel, qui se montrent ordinairement avant les jets lumineux dont nous venons de parler, reposent chacun sur deux parties de l’horizon également éloignées du méridien magnétique, et que les points les plus élevés de chaque arc sont exactement dans ce méridien. Il est incontestable, d’après cela, qu’il y a une liaison intime entre les causes de l’aurore boréale et celles du magnétisme terrestre. Ce ne sera toutefois qu’à l’aide d’observations nombreuses, faites simultanément dans divers points de la terre, avec des aiguilles délicatement suspendues,